Comment la souffrance au travail commence-t-elle ?

Plusieurs appels par semaine évoquent une souffrance au travail. Comment elle commence ?

BLA-BLA PSY

5/27/20254 min read

woman in gray sweater covering her face
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"Bonjour, je vous appelle parce que là ça va pas du tout. C'est le travail. On m'a conseillé de vous appeler"...

Comment la souffrance au travail commence-t-elle ?

Des appels qui commencent comme celui-ci j'en ai plusieurs par semaine, parfois plusieurs par jour. Il n'y a pas de distinction de classes sociales, pas de branches professionnelles particulièrement plus touchées. Sans doute, par contre, il y a des professions qui ont moins facilement accès à l'aide d'un psychologue.

Souffrir au travail : 1 salarié sur 2

- "Bonjour, qu'est ce qu'il vous arrive en ce moment ?" ...

- "Depuis quand ce que vous décrivez dure ?" ...

- "Quand vous regardez dans le rétroviseur, quel est le moment ou l'élément qui, pour vous, a fait changer la situation ?" ...

- "En même temps que vous revoyez tout ça un peu comme sur un écran de télévision, que comprenez-vous maintenant de cette situation que vous êtes capable de décrire ?"

La personne remonte le fil du temps, des événements, son désir de prendre ce poste-là qui a laissé la place à une amère colère, la façon dont elle a été recrutée jadis, la façon dont elle est évincée aujourd'hui, l'évolution des relations, des demandes, la présence ou de l'absence d'un soutien d'équipe, d'une direction.

Il est possible à ce moment de percevoir quelque chose de l'organisation du travail, des fantômes d'une institution qui répète inlassablement des mécanismes d'exclusion, de pouvoir, de soumission, de division,... il devient possible aussi de percevoir au delà des émotions, la logique des acteurs, les croyances et les faits, tout est présenté, tout ensemble, mélangé. Les doutes, le désespoir, les convictions, le "pourtant j'ai déjà eu un burn out et je m'étais promis : plus jamais ça", le vertige que tout va lâcher, la peur d'être laissé/e pour compte, la crainte de faillir au regard de ses enfants, et l'incompréhension qui domine. Surtout l'incompréhension.

L'hébétude. Dans 90% c'est le "pourquoi", "pourquoi moi", "pourquoi dans ce métier, je ne comprends pas". Il n'y a pas de réponse précise à cette question. Les psychologues cliniciens qui prennent en compte ces détresses mentales ne peuvent pas agir à cet endroit. Ils accompagnent la personne dans la digestion des émotions pour regagner en lucidité et en capacité d'agir pour soi.  

En attendant que le "dream comes true", ce que j'observe du management encore actuel, c'est qu'il semble soit directement impliqué dans la désorganisation à l'oeuvre, soit totalement surpris, novice, dépassé, ou incompétent dans la gestion de ces situations.

Il faut rappeler que la loi impose à l'employeur depuis 2001 une obligation de résultat en matière de santé au travail.

Des interventions et échanges que j'ai eus avec des directions, dans 9 cas sur 10, l'employeur n'est pas formé et n'a pas formé ses managers à la prévention et à la préservation de la santé mentale au travail.

Que se passe-t-il la plupart du temps ? face à une révélation d'événement indésirable il est demandé au salarié de noter une information sur le fichier informatique, un lien par mail est envoyé, la RH propose un rdv et prend note... et puis après : pas grand chose. C'est souvent le maximum sur l'échelle des actions. En vrai c'est un flagrant délit de démission des directions.

Effacement des directions, panique chez les managers, désorganisation dans les équipes, impuissance contaminante : voilà le mécanisme du déploiement des transgressions. Souffrance au travail = recul des cadres, management inadapté, direction inopérante, équipes désarticulées, recul des cadres, etc... l'un nourrissant le suivant.

La vérité est que dans tous les domaines d'activités, les problèmes de comportement ou de relation enflent et submergent les conduites de management. Les managers et directions sont convoqués alors à engager leur responsabilité morale, éthique et réglementaire afin de produire une prise en compte de ce qui reste, somme toute, des "situations de travail", en les traitant avec hauteur, méthode et positivité, et en recherchant les causes directes et associées.

Pourquoi un manager parle-t-il mal à un salarié ? pourquoi une direction sous-équipe-t-elle un manager ? pourquoi des salariés s'inscrivent-ils dans des attitudes d'opposition ?

La santé, le médico-social, la justice, les services de l'état, les impôts, les administrations publiques, les grosses sociétés, tout y passe. Il ne semble pas y avoir de modèle safe.

La santé au travail n'est pas un enjeu de bonne morale, elle n'a pas pour objet d'être glorieuse versus punitive : elle sert le travail, elle sert les directions, elle sert les organisations, elle sert les collectifs, elle sert à dénouer les conflits, elle sert la santé mentale de chacun.

A condition de s'élever vers une pratique continue de santé intégrée, valorisée dans tous les domaines, sociaux, économiques et financiers, la santé devient alors un régulateur performant d'un management éclairé, et une condition essentielle au développement d'organisations solides, dans le respect du développement des personnes, avec des recrutements durable et épanouissants.

"Il est temps de reprendre un repère qui permette de poser une balise afin de tirer une perspective pour s'en sortir vers le haut"

C'est ainsi que débutent tous les accompagnements que je propose.

Creepy blurred photo of a person's face and a furry hood
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a person drowns underwater
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